Système Participatif de Garantie, le voyage de 2024
et la dynamique continue...

Nous voici partis pour la deuxième édition du voyage « SPG », organisée et financée par BioEspuña. Un voyage rassemblant mangeurs et producteurs de part et d’autres des Pyrénées. Le but de ce voyage est de créer ou renforcer les liens entre ces derniers, mieux comprendre la réalité agricole des producteurs qui travaillent avec BioEspuña et ainsi renforcer et encourager les bonnes pratiques et la confiance qui en découle. 

Nous sommes donc partis à 12 personnes de France en ce dimanche 11 février avec tout le travail effectué par la promotion 2023 sous le coude (questionnaire producteur, boussole NESO et retour d’expérience, un sacré boulot !) De 27 à 77 ans. Nous avions parmi nous, Charlotte, Sylvie, Éliane, Christelle, Mira, Arnaud et Luc, toutes et tous mangeurs et consommateurs engagé du réseau bio en France, ainsi qu'Anne-Laure et Andrea deux agronomes de formation et Alex arboriculteur ariégeois sous mention Nature & Progrès. Il y avait aussi deux salariés français de BioEspuña, Julie qui est au cœur du projet et Nicolas qui s’occupe des livraisons. En poche, les attentes des uns et des autres, animés de curiosité : comprendre le fonctionnement des fermes, l’agrumiculture, en savoir plus sur les sols qui interpellent, découvrir la  biodynamie, poursuivre l'aventure du Système Participatif de Garantie....

Parmi les éléments marquant de ce voyage : la visite des parcelles de pistachiers et l'atelier de production de pistaches de Maná Pistachos (Castille-La-Manche) & et celle des vergers de manguiers et d'avocatiers de Biobena (Andalousie). La découverte de territoires et terroirs très différents.  A droite, la rencontre avec Maria & Antonio de Biobena et la visite de parcelles d'avocatiers et de manguiers. Dépaysement assuré et l'occasion de mettre des visages, des paysages, des réalités concrètes et des problématiques derrière les avocats et les mangues qui régalent autant qu'elles interpellent les mangeurs de BioEspuña.

Et la thématique de l'eau comme fil rouge de la semaine.... sujet au centre des préoccupations actuelles. Pour en savoir plus : https://www.bioespuna.eu/blog/actualites-5/l-espagne-face-au-manque-d-eau-a-quand-un-nouveau-modele-agricole-15


Ce qui ressort de cette expérience : une nouvelle fois de l'intelligence collective, de la bonne humeur, de la rencontre humaine, des questionnements qui persistent et de nouvelles interrogations qui stimulent et invitent à poursuivre les réflexions. Ci-dessous à gauche, une partie du groupe en déambulation dans Mula, la découverte de la ville faisant partie de l'aventure !


Le but initial affiché est de mettre en place un Système Participatif de Garantie. Mais pour quoi faire ? Quelques réflexions partagées par Alex... 

Il semblerait que ce qu’on appelle SPG soit un bon prétexte pour faire du lien entre les producteurs espagnols. En effet, ils connaissent tous Cristóbal, mais ne se connaissent pas forcément tous entre eux. Un des enjeux importants de ce travail est aussi à terme de formuler des critères en concertation avec les producteurs pour intégrer ou non de nouveaux producteurs à BioEspuña pour soulager Cristóbal de cette responsabilité et aussi faciliter la transmission. En effet, Cristobal tient un rôle primordial au sein de la coopérative, or pour lui la retraite approche... La finalité de ce « SPG » n’est pas complètement arrêté et pourrait prendre bien des formes entre cahier des charges, comité éthique, outil d’intégration en interne. Beaucoup de choses sont à penser quant au rôle que prendra le SPG vis-à-vis des producteurs a l’avenir.

  • Un tel système permettrait de valider de nouveaux producteurs ou artisans pour les faire entrer dans BioEspuña. Mais on a appris qu’il ne manquait pas véritablement de producteurs d’agrumes, il y aurait même « surproduction » de citrons en 2024. Il ne s’agit donc pas d’ouvrir BioEspuña à d’autres producteurs.

  • Faire évoluer les pratiques des producteurs actuels vers une démarche plus vertueuse au-delà de l’Agriculture Biologique. On a compris que les producteurs étaient déjà en Bio, mais conduites de manière bien différentes dans chaque ferme. Certaines pratiques posent question : Mixité Bio / non bio sur une même ferme, Utilisation d’eau non renouvelable (nappe fossile), Usage du plastique dans les emballages, Manque de biodiversité, de haies et travail du sol très répété

  • Valider des conduites déjà vertueuses et qui doivent s’imposer à tous les producteurs et être reconnus par les consommateurs : embauche de main d’œuvre locale avec un contrat local, pratiques visant à améliorer la vie des sols, commerce transparent et équitable le long de toute la filière, économie d’eau, conduite durable des vergers.


Cristóbal, en pleine explication de la gestion de l'eau à Mula, dans le verger d'orangers de Felipe. C'est lundi matin, le moment de récolter les oranges.

Le SPG est un outil puissant mais qui demande un sacré investissement pour se mettre en place et être opérationnel. Pour fonctionner, il faudrait que les producteurs participent aux enquêtes chez les autres. Suite à ce voyage, un SPG au sens large ne me parait pas être forcément adapté à la situation de BioEspuña. Il y aurait des étapes préalables : clarifier le rôle de Cristóbal, rédiger une charte de commerce équitable, avoir un organigramme de BioEspuña, définir des rayons d'action et des terroirs de production avec les producteurs aujourd'hui associés et comprendre leurs contraintes spécifiques. 


oranges sanguines de José & citronniers à Benamargosa (Málaga)

Quel est le rôle de notre voyage ? en premier lieu tisser un lien vers les producteurs et donc à nous de devenir leurs ambassadeurs. Cristóbal semble être une personne clef qui fait tourner la boutique : accrédite les nouvelles parcelles et les nouveaux paysans, arbitre entre les différentes productions/variétés pour les faire entrer dans le circuit de commercialisation, conseille techniquement les producteurs qui sont pluriactifs, gère comme un directeur l’équipe de travail (4 personnes) de BioEspuña à Mula, apporte et valide les idées neuves : variétés, gestion de la fertilité, emballages... ça ne s'arrête jamais chez lui ! A l’aube de son départ à la retraite, comment faire pour le remplacer ? Il aurait à créer sa fiche de poste avant de partir : ça risque de lui prendre du temps à faire !

D’un point de vue terroir et rayon d’action, il y a un groupe de producteurs de la région de Mula, proche de Cristóbal et aussi d’Alberto. Les agrumes viennent de là. Ce bassin a une histoire et BioEspuña en est issu. Il y a un système de gestion de l’eau dans cette vallée auquel adhérent les producteurs de BioEspuña. Il nous a été présenté comme à l’équilibre et partagé :

 https://www.bioespuna.eu/blog/actualites-5/l-espagne-face-au-manque-d-eau-a-quand-un-nouveau-modele-agricole-15

Les producteurs de BioEspuña sont des petits producteurs, souvent pluriactifs très proches de Cristobal. Les pistaches sur les plateaux plus froids des contreforts de la Castille (voir photos ci-dessous). Culture spécialisée conduite en monoculture qui demande de nombreux investissements pour arriver au produit fini. Le pistachier pousse lentement et produit peu. L’accès à l’eau est très difficile.

La meilleure manière d’amplifier nos voix au sein de nos groupes de consommateurs d’agrumes, serait d’organiser aussi des visites de producteurs dans les AMAP’S en France et d’en profiter pour monter des débats sur le commerce équitable et l’eau. 


Donc la prochaine visite serait des producteurs en tournée auprès des consommateurs ! Bienvenidos.

A suivre : la préparation du voyage de 2025. Avis aux motivé-e-s pour participer à cette construction au fil des années.... Renseignements : julie@bioespuna.eu - 06 82 03 93 59

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